Va, va, va, dit l’oiseau : le genre humain
Ne peut pas supporter trop de réalité.
T.S.Eliot
Les yeux ne sont pas ici
Il n’y a pas d’yeux ici
Dans cette vallée d’étoiles mourantes
Dans cette vallée creuse
Cette mâchoire brisée de nos royaumes perdus
En cet ultime lieu de rencontre
Nous tâtonnons ensemble
Évitant de parler
Rassemblés là sur cette plage du fleuve enflé
Sans regard, à moins que
les yeux ne reparaissent
Telle l’étoile perpétuelle
La rose aux maints pétales
Du royaume crépusculaire de la mort
Le seul espoir
D’hommes vides.
T.S.Eliot, extrait
Que n’ai-je été deux pinces ruineuses
Trottinant par le fond des mers silencieuses.
Moi qui fus proche de ton cœur, j’en fus chassé,
Perdant la beauté dans l’effroi, l’effroi dans l’inquisition vaine.
T.S.Eliot, extraits
L'ÉPOUSE
Appelle-moi, Aimé, appelle-moi à haute voix!
Ne laisse pas ton épouse si longtemps à la fenêtre
dans les vieilles allées de platanes
elle ne veille plus le soir:
elles sont vides.
Et si tu ne viens pas dans la demeure nocturne
m'appeler avec ta voix
je devrai, perdue,
me fondre
dans l'obscurité bleue des jardins.
Rilke