jeudi 16 octobre 2025

mardi 14 octobre 2025

 

 

 

 

                                                    altérer : assoiffer et transformer

 

 

 
 
 
 
 
 
 

dimanche 12 octobre 2025

 

 

 

Voyez encore combien de métiers qui servent à nous procurer les biens les plus courants et que l’on tient pour indispensables à la vie d’aujourd’hui sont par eux-mêmes nuisibles à la santé et à la vie de ceux qui les exercent. Que faut-il en penser ? Certes, l’histoire naturelle nous montre bien que la nature a très souvent lié la survie et la prospérité d’une espèce à la destruction ou à l’infortune, partielle ou totale, d’une autre. Mais qui peut croire qu’au sein d’une même espèce elle ait prévu et organisé la destruction d’une partie de celle-ci à seule fin d’assurer la prospérité et les conditions nécessaires à l’épanouissement de l’autre partie (qui n’a pourtant rien de plus noble par nature et est en tout point semblable à la partie sacrifiée). Ne doit-on pas considérer de tels métiers, pourtant courants et réputés indispensables, comme barbares, puisqu’ils sont manifestement contre nature ? Quant à cette vie qui les réclame et les suppose, vie que l’on veut confortable et civilisée, n’est-elle pas de ce fait même contre nature ? N’est-elle donc point barbare à son tour ? 

 

Giacomo Leopardi, Zibaldone


 

 

 


 

 



jeudi 9 octobre 2025

 

 

 

 

 

 


                                                                        Infans

 

 

 

 

 

 

 

mardi 7 octobre 2025

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

dimanche 5 octobre 2025

 

 

contre l'obscur, 8 avril 2025

 






vendredi 3 octobre 2025

 

 

 

 

Tu as changé le paysage entre nous.

A l’un et l’autre entre nuages et racines malheur est arrivé.

Jamais le frère ne repose auprès du frère

et le pont de la confiance est perdu de vue pour tous.

Je ne sais plus sur quoi je marche ni vers où,

car aucun vent ne me rapporte ta voix,

aucun chant d’oiseau, aucun bruit dans les branches.

Les quatre directions du ciel indiquent le bas

et ma main, qui cherche ta manche à tâtons,

revient vide et marquée de signes.

Voilà ce que j’ai à crier, et c’est comme un orage qui me met nue,

toute nue, jusqu’à l’âme, et sans pudeur sous les étoiles.

Pourquoi donc, pourquoi m’as tu laissé le cri?

Et les yeux, cette devise sous le front anxieux?

Pourquoi ne m’as-tu pas arraché le cœur de sous les côtes

pour le fouler aux pieds et en jeter les restes aux chiens?

Voilà ce qu’il fallait faire avant de me livrer au village!

Car c’est cela l’enfer dont mon enfance horriblement rêvait,

et sûrement plus tôt déjà, dans le sein de ma mère affamée.

Tout vient de là.

C’est de là déjà que viennent ma faiblesse et ma soif de prodiges,

d’un prodige qui me donnerait enfin la beauté

du pouvoir amoureux, et ensuite, de l’accès aux anges de clarté.

Cela était à ta portée!

Je le sens encore maintenant sous la peau où la bête grandit en gémissant.


Christine Lavant, Un art comme le mien n’est que vie mutilée


 


 


 
 
 
 
 
 

 

mercredi 1 octobre 2025

 

 

 

Article 4


Le privilégié, ayant une bague au doigt et serrant cette bague en regardant une femme, elle devient amoureuse de lui à la passion, comme nous voyons qu’Héloïse le fut d’Abélard. Si la bague est un peu mouillée de salive, la femme regardée devient seulement une amie tendre et dévouée. Regardant une femme et ôtant sa bague du doigt, les sentiments inspirés en vertu des privilèges précédents cessent. La haine se change en bienveillance, en regardant l’être haineux et frottant une bague au doigt.
Ces miracles ne pourront avoir lieu que quatre fois par an pour l’amour-passion ; huit fois pour l’amitié ; vingt fois pour la cessation de la haine, et cinquante fois pour l’inspiration d’une simple bienveillance.


Stendhal, Les privilèges

 


 

 

 

 

 

mardi 30 septembre 2025

 

 

 

L’Éternel soumit son fantôme Répétition au tout du Nombre, visible miracle une fois pour toutes.

L’Éternel fit une résolution de son fantôme Mémoire aux prestiges de miroirs jumeaux, visible transmutation de l’angoisse rebondissant en unique souvenir de soi.

L’Éternel fixa la mauvaise rotation de son fantôme, cycle d’impuissante perpétuité, en cercle immobile de savoir au-delà des temps.


René Daumal, Le Contre-Ciel

 

 


 

 

 

 

 

lundi 29 septembre 2025

 

 

 

 

Ne pense à rien, sinon qu’il existe des mers
qui reprennent sans cesse leur grand souffle
et dialoguent avec la force de la lune ;
ne pense pas à toi, à rien savoir sur ton destin,
mais seulement à tout ce qui vient de la vie
pour être mis sous la tutelle de la mort
où ni lune ni mer n’ont plus rien à dire.

La parole ne s’ancre que peu souvent dans la chair.
Sans pépins, les cœurs tombent de l’arbre
de la douce connaissance, tombent, livrés
à des essaims de guêpes, de frelons
pendant les nuits d’automne.


C Lavant, Un art comme le mien n’est que vie mutilée